06. 07. 2020

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06. 07. 2020

Le recours au télétravail pourrait perdurer durablement en Europe après la crise, mais pas pour tous

Le télétravail s’est imposé pendant la crise sanitaire de ce printemps pour de nombreux actifs européens. Au plus fort de la crise jusqu’à un actif sur deux en France ou en Suisse était en télétravail, partiellement ou totalement. Mais cette pratique du télétravail a surtout été réservée aux personnes les plus formées. L’existence d’un très fort potentiel en Europe, encore largement inexploité avant la crise, couplée à une forte aspiration des employés à y avoir recours, laisse penser que la pratique du télétravail pourrait être une des conséquences durables de la crise sanitaire due au coronavirus. Ces faits ressortent d’une grande enquête menée de mars à mai dans 7 pays européens par le bureau de recherche Mobil'homme.

Mobil’homme publie les premiers résultats de son enquête sur les effets de la crise sanitaire sur la mobilité et le travail. Cette première publication traite du télétravail, les prochaines publications issues de la même enquête se focaliseront sur l’usage des différents modes de transport. L’enquête a été effectuée du 3 avril au 5 mai 2020, auprès de 14'886 personnes, vivant en Suisse, France, Belgique, Allemagne, Autriche, Luxembourg et Espagne.

La crise sanitaire a été une occasion inédite pour les employés, mais aussi pour les employeurs, de tester le télétravail au domicile. De fait, il a été massif dans tous les pays que nous avons enquêtés, mais avec des différences d’intensité. Un actif sur deux en France, au Luxembourg ou en Suisse est passé en télétravail, partiellement ou totalement, un actif sur trois en Allemagne. Il ressort également de notre enquête que les actifs qui avaient déjà une pratique du télétravail y ont eu recours de manière plus forte que les autres.

Le niveau de formation a généré les plus grandes différences de pratiques du télétravail. Alors que les actifs ayant des formations tertiaires y ont massivement eu recours, ceux n’ayant pas de formation post-obligatoire ont majoritairement connu un arrêt de travail ! Avoir un emploi qui était compatible avec le télétravail a constitué une véritable « assurance-chômage » et a permis de limiter fortement le recours au chômage technique ou partiel.

Pour ceux qui ont continué à aller sur leur lieu de travail, le recours à la voiture a fortement augmenté tandis que la pratique des transports publics, urbains et non urbains, chutait. Nombreux ont été les actifs à se replier également sur la marche pendant cette période. Par contre, le vélo n’était pas plus utilisé par les pendulaires pendant la crise. La croissance de l’usage du vélo ne se mesure pas sur les déplacements domicile-travail, mais sur les déplacements réalisés pour d’autres motifs. La part de la voiture a augmenté dans les 7 pays, le plus fortement au Luxembourg et en Espagne.

Ce que révèle aussi l’étude est qu’il existe un potentiel important de télétravail, mais que celui-ci est largement inexploité. Les enquêtés ont finalement été questionnés quant à leur souhait de recourir au télétravail à l’avenir. Les résultats montrent qu’une part très importante d’entre eux aimerait effectivement y avoir recours plus fréquemment, en particulier ceux qui articulent au quotidien vie de famille et vie professionnelle. Le contexte actuel semble donc être favorable à ce que le télétravail augmente fortement en Europe comme conséquence durable de la crise sanitaire de 2020.

Le rapport complet est à télécharger ici :

https://mobilhomme.ch/wp-content/uploads/2020/07/Enqueteconfinement_teletravail_29juin20.pdf

Contacts

Dr Emmanuel Ravalet, chercheur, chef de projet à Mobil’homme : emmanuel.ravalet@mobilhomme.ch +41 76 628 86 05 ou +33 7 78 68 49 47

Dr Marc Antoine Messer, directeur Mobil’homme : marc-antoine.messer@mobilhomme.ch +41 79 473 64 62

www.mobilhomme.ch