Assemblée des membres : Nous parlons trop des coûts et trop peu des prestations

« Jamais autant de personnes ne se sont déplacées avec le train, le tram, le bus, le bateau et le téléphérique que l’an dernier », se réjouit le président de la LITRA Martin Candinas au début de la 89e Assemblée des membres à l’hôtel Bellevue Palace de Berne. Le fait que les transports publics aient pu remporter des parts de marché dans l’ensemble du trafic est particulièrement réjouissant.

Les TP confirment ainsi leur rôle d’épine dorsale de la mobilité suisse, avec des avantages considérables pour la population, l’économie et le tourisme. Chaque trajet supplémentaire effectué avec les TP permet d’éviter des émissions et d’économiser de l’espace, contribuant ainsi de manière significative à la protection du climat, à l’efficacité et à la qualité de vie.

Les TP : un moteur économique colossal pour la Suisse

Une récente étude sur l’importance économique des TP en Suisse, réalisée par INFRAS sur mandat de la LITRA et de l’association professionnelle Swissrail, souligne également qu’en Suisse, les TP représentent bien plus qu’une simple alternative de mobilité.

En 2024, les transports publics et le secteur ferroviaire suisses ont généré un chiffre d’affaires de 21,1 milliards de francs et une valeur ajoutée de 17,5 milliards de francs. La majeure partie revient aux prestations des TP, qui ont dégagé une valeur ajoutée de 12,4 milliards de francs.

« Cela met en évidence l’importance des TP suisses pour notre économie et notre prospérité », souligne Martin Candinas. « Aujourd’hui, nous parlons souvent de ce que nous coûtent les TP, mais bien trop rarement de ce qu’ils apportent réellement à la Suisse, non seulement en matière de prestations de transport, mais également au niveau de notre économie et de notre prospérité. »

Le président de la LITRA, Martin Candinas, souligne le rôle essentiel des TP pour notre économie et montre les conséquences qu’auraient les différentes mesures d'économie envisagées dans le cadre du budget fédéral pour la mobilité en Suisse. © LITRA

En Suisse, un emploi sur 20 est lié aux TP.

La question de l’emploi renforce encore l’importance économique du secteur des TP : « Plus de 110 000 personnes travaillent directement dans des entreprises de TP. Si l’on compte les fournisseurs et le secteur de la construction, alors 200 000 emplois dépendent directement ou indirectement des TP », explique Martin Candinas.

Ce qui n’est pas sans comporter quelques défis. Selon différentes extrapolations, environ 30 % des collaborateurs actuels doivent être remplacés d’ici 2035. Cela correspond à des dizaines de milliers de travailleurs qualifiés que nous devons recruter ou former. « La politique, l’industrie et l’éducation sont toutes sollicitées », souligne Martin Candinas. « Les TP tirent leur force de celles et ceux qui les exploitent quotidiennement. »

Le président de la LITRA se réjouit que la pénurie de main-d’œuvre qualifiée semble s’atténuer légèrement, du moins pour certains groupes de membres de la LITRA. C’est ce que révèle une analyse interne de la LITRA portant sur les postes à pourvoir. « Notre évaluation ne permet sans doute pas de dresser un bilan exhaustif du marché de l’emploi, mais elle fournit des éléments intéressants ».

L’absence d’un financement stable comporte un risque de pénurie et de dégradation de la qualité

En effet, un financement fiable est impératif pour garantir la continuité des prestations, des investissements et des emplois. « Si nous économisons aujourd’hui sur l’infrastructure, nous en paierons le prix avec des goulets d’étranglement, des retards et une dégradation de la qualité », met en garde Martin Candinas.

Le Fonds d’infrastructure ferroviaire (FIF), qui est au cœur du financement de l’entretien, de l’aménagement et de la préservation de l’infrastructure ferroviaire, risque en particulier de subir des pertes importantes à partir de 2031. Deux sources de revenus essentielles expireront : le 1 ‰ temporaire de la TVA ainsi que l’impôt sur les huiles minérales à affectation obligatoire. Parallèlement, des coupes budgétaires sont prévues dans le cadre des mesures d’économies de la Confédération.

Les conséquences possibles sont alarmantes : un déficit financier du FIF menacerait non seulement les aménagements prévus, mais aussi, à moyen terme, la qualité et la stabilité de l’offre actuelle. Martin Candinas insiste sur le fait que « les TP ne sont pas un luxe qu’il est possible d’augmenter ou de réduire en fonction de la situation financière, mais un élément central de notre économie et de nos services publics ».

Environ 180 membres et invités profitent d’un échange dans une atmosphère décontractée et s’entretiennent vivement sur les thèmes actuels liés à la politique des transports. © LITRA

Orientation jusqu’en 2028 : l’épreuve décisive de la votation populaire

Un déficit de financement se profile également dans le transport régional de voyageurs (TRV) à partir de 2026. Le crédit d’engagement proposé par le Conseil fédéral est trop limité, ce qui risque de provoquer une dégradation de l’offre. Le risque d’une réduction des offres, avec une diminution de la fréquence, la suppression de lignes ou le report de projets d’extension, est bien réel. « Les notions d’essor de la Suisse et d’économies dans le domaine des TP sont tout simplement contradictoires », affirme Martin Candinas.

Dans ce contexte, les années à venir seront décisives. Le rapport « Transports ’45 » qui définit les priorités en matière de planification des aménagements jusqu’en 2045, devrait paraître fin octobre 2025. Le Conseil fédéral présentera alors un message sur l’aménagement ferroviaire en 2026. Une votation populaire au sujet de nouvelles bases de financement sera probablement nécessaire en 2028. Comme le souligne Martin Candinas, « cette votation sera une épreuve décisive : nous n’aurons gain de cause que si nous expliquons de manière convaincante pourquoi des TP performants sont essentiels pour la Suisse ».

Les TP sont bien plus qu’un mode de transport, ils constituent un facteur décisif pour l’attractivité de la Suisse

Le message du président de la LITRA est clair : les transports publics en Suisse sont bien plus qu’un simple moyen de transport affichant une croissance record. Les TP génèrent également chaque année des milliards de valeur ajoutée, garantissent des centaines de milliers d’emplois et constituent un facteur indispensable pour l’attractivité du pays.

Cependant, les déficits de financement, la pénurie imminente de main-d’œuvre qualifiée et la pression croissante dans le domaine du trafic de marchandises exigent une action rapide et conjointe. « Les transports publics en Suisse exigent un travail d’équipe : politique, administration, entreprises, associations et clients, nous sommes tous dans le même bateau, au sens propre comme au figuré. En unissant nos forces, nous pourrons stabiliser et développer le système. »

Dans la partie statutaire de l’assemblée des membres, le directeur de la LITRA Michael Bützer revient sur un exercice réussi. © LITRA.

Un exercice réussi et de nouvelles têtes

Dans la partie statutaire de l’assemblée des membres, le directeur de la LITRA Michael Bützer est revenu sur l’exercice écoulé. Par ailleurs, Frank Furrer, ancien directeur général de la VAP, et Christian Plüss, ancien directeur de CarPostal et membre de la direction du groupe La Poste, ont quitté le comité.

Par cette même occasion, les personnes suivantes ont été élues au comité de la LITRA :

• Stefan Regli, directeur du secteur d’activité Services de mobilité et membre de la direction du groupe La Poste
• Martin Sturzenegger, directeur de la VBZ
• Armin Weber, CEO de la Schweizerische Südostbahn AG (SOB)
• Simon Wey, directeur de la VAP

À la suite de la partie statutaire, nous avons accueilli plusieurs nouveaux membres au sein de la LITRA à Berne. Une présentation personnelle sera publiée ultérieurement sur le site Internet de la LITRA :

• ETC Solutions GmbH
• Regionalbus Lenzburg AG
• quattron ch GmbH
• TILO SA
• Traila AG
• Otimon GmbH
• IM Maggia Engineering SA

Le Prix LITRA 2025 : le président de la LITRA Martin Candinas, Ann Hesse (lauréate), Silvano Fuchs (lauréat), Julien Nippel (lauréat), Mélina Errichelli (lauréate) et le conseiller fédéral Guy Parmelin. © LITRA

Prix LITRA 2025 : qu’il s’agisse du transport de passagers ou du trafic de marchandises, les jeunes talents des TP font bouger la mobilité en Suisse

Comme à l’accoutumée, l’assemblée générale de la LITRA s’est terminée par la cérémonie de remise du Prix LITRA 2025 en présence du conseiller fédéral Guy Parmelin. Au total, 17 travaux provenant de neuf hautes écoles ont été soumis cette année pour le prestigieux Prix suisse des TP. « Le nombre impressionnant de participants souligne le fort engagement des jeunes pour l’avenir des transports publics en Suisse », se réjouit Martin Candinas.

La grande diversité des travaux présentés cette année au Prix LITRA montre clairement à quel point les thèmes abordés par les jeunes talents des TP sont vastes et actuels. Lors de la cérémonie de remise des prix, le conseiller fédéral Guy Parmelin a remis aux lauréats de cette année le trophée bien mérité et salué leur engagement sans faille en faveur de la mobilité en Suisse. Silvano Fuchs, Mélina Errichelli, Julien Nippel et Ann Hesse ont été récompensés.

Le système TP suisse constitue un avantage économique et géographique important pour la Suisse, souligne le conseiller fédéral Guy Parmelin. Nous devons absolument prendre soin de ce système unique au monde. © LITRA

Après avoir récompensé les lauréates et lauréats du Prix LITRA lors d’une cérémonie solennelle, le conseiller fédéral Guy Parmelin s’est adressé aux invitées. Il a souligné l’importance centrale de la mobilité et des transports pour la société et l’économie.

La mobilité n’est pas seulement une donnée immatérielle, mais bien « la trame essentielle, pour ainsi dire vitale, qui relie notre économie, notre société et le destin du pays ». Et d’ajouter : « Le rôle des transports publics dans le désenclavement de nos vallées alpines est fondamental. Il est la ligne de vie de tout espace qui n’est pas situé en ville ou en milieu périurbain, car il est le moteur économique d’un grand nombre de ces vallées. »

En tant que chef du DEFR, le conseiller fédéral Guy Parmelin a également tenu à souligner la dimension économique du secteur, en Suisse comme à l’étranger. Il a notamment mentionné les accords de libre-échange conclus avec le Mercosur, la Thaïlande, le Kosovo et la Malaisie, ainsi que la prochaine mise en œuvre de l’accord avec l’Inde : « Pour notre industrie ferroviaire suisse, c’est une chance extraordinaire. »

Mais le succès du système suisse des transports publics s’accompagne aussi de défis – notamment sur le marché du travail. « Chaque année, plus de personnes partent à la retraite que de jeunes n’arrivent sur le marché du travail. » Ainsi, la pénurie de main-d’œuvre qualifiée sera aggravée dans les années à venir par l’évolution démographique.

Pour le conseiller fédéral Guy Parmelin, un message est toutefois clair: « Derrière chaque train ponctuel, derrière chaque bus qui franchit un col, il y a des femmes et des hommes engagés, passionnés par leur travail et convaincus de ce qu’ils font. Avançons ensemble, avec confiance. Continuons d’investir, d’innover, de former et de nous ouvrir au monde. Faisons de la Suisse un pays mobile, connecté et attractif ! »

Prix LITRA 2025 : Qu’il s’agisse du transport de passagers ou du trafic de marchandises, les jeunes talents des TP font bouger la mobilité en Suisse

Comment planifier l’offre de TP de demain ? Quel rôle jouent les projets d’infrastructure ou la logistique urbaine pour la mobilité de demain ? Le Prix LITRA 2025 montre clairement à quel point les thèmes abordés par les jeunes talents des TP sont vastes et actuels.

Lors de la cérémonie de remise des prix de la LITRA à Berne, le conseiller fédéral Guy Parmelin a remis leur trophée aux lauréats de cette année et a salué leur grand engagement en faveur de la mobilité en Suisse. Silvano Fuchs, Mélina Errichelli, Julien Nippel et Ann Hesse ont été récompensés.

Prix LITRA 2025